
(Re)négocier le centre invisible d’Every. Now. Then : la spatialité blanche institutionnelle
Elle précise du même souffle que cette impression n’est que partiellement fondée, puisque Every. Now. Then a été conçue par Andrew Hunter, ex-conservateur de l’art canadien du MBAO, en collaboration avec Anique Jordan, artiste et commissaire indépendante, noire, qui vit à Toronto. En plus, les 39 artistes mis en vedette dans cette exposition sont en majorité des Noirs, des Autochtones et des Asiatiques du Sud-Est, dont les œuvres sont juxtaposées à des documents d’archives ou à des matériaux naturels (le Portrait of Maungwudaus, de Paul Kane, 1849-1851 ; les séquences filmées d’un « pow-wow indien » de 1925 ; un cône de percussion récolté à Sudbury, en Ontario, et prêté par le Musée royal de l’Ontario). L’exposition est volontairement privée de centre explicite, ce qui lui permet, comme le décrit le critique d’art Murray Whyte, « de dévier volontairement de son cours, sans excuses ni explications3 3 - Murray Whyte, « Canada Revisited at the Art Gallery of Ontario », The Toronto Star, 3 juillet 2017, <http://bit.ly/2j0k84K>. [Trad. libre] ». Ses thèmes principaux (mémoire, migration, récit, temps) sont répartis en sections et explicités par des citations des artistes ou des textes muraux anonymes, rédigés en anglais ou en anishinaabemowin. Malgré la volonté évidente des commissaires de laisser aux artistes la liberté d’imaginer un avenir nouveau et différent pour eux-mêmes et leur communauté, Every. Now. Then n’en a pas moins, comme le souligne Fung, une tonalité distinctement blanche – qu’elle attribue, paradoxalement, au choix des commissaires de ne pas donner de centre à l’exposition.
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